Alors que le DU enquêteur privé de l’université Paris Panthéon-Assas n’avait pas ouvert lors de la rentrée universitaire 2024/25 faute d’inscriptions suffisantes, nous apprenons que le diplôme d’université d’Assas est dorénavant définitivement fermé. Cette fermeture surprendra peu les détectives privés en exercice car elle s’inscrit dans le cadre d’une désaffection des étudiants pour la filière d’enquête privée depuis plusieurs années. En effet, l’absence de débouchés clairs, la difficulté à s’installer comme enquêteur privé et un mépris social pour ce métier découragent encore davantage les vocations.

Fermeture du DU Enquêteur privé d’Assas

Après la création de l’IFAR (Institut de formation des agents de recherches) par Messieurs Yves Conversano et Christian Borniche en 1996 puis une séparation des deux partenaires, ce dernier se tourne vers l’université de Melun pour créer un nouveau diplôme d’ARP.

C’est ainsi que voit le jour le Diplôme d’Université d’enquêteur privé de Paris Panthéon-Assas en 1998. Ce DU se veut, à l’origine, une réponse à la volonté de structurer une profession longtemps perçue comme marginale et l’université ambitionne alors d’apporter un cadre juridique et méthodologique à un métier en quête de reconnaissance. La formation s’adresse à des candidats aux profils variés, souvent en reconversion, et s’appuie sur des enseignements en droit civil, droit fiscal et en techniques d’enquête.

Par la suite, le DU voit deux autres écoles d’enquêteur privé concurrentes lancer leur diplôme et axer leur formation sur les réalités du terrain. La formation universitaire d’Assas, davantage théorique, peine alors peut-être à répondre aux besoins concrets du métier de détective privé qui exige une bonne connaissance pratique du terrain.

De plus, le DU Enquêteur pruvé d’Assas n’offrait que peu de perspectives professionnelles, faute d’être inscrit au RNCP, Répertoire national des certifications professionnelles. Ainsi, il ne permettait pas un accès à la profession comme salarié et, le seul débouché professionnel, était un accès à une formation de niveau supérieur, en particulier la licence professionnelle de directeur d’enquêtes proposée par l’université Panthéon-Assas.

Aussi, au fil du temps, le nombre d’inscriptions a diminué au point que l’université ait décidé de le fermer faute de rentabilité. Cette disparition sans surprise aurait pu s’accompagner de la disparition de la licence professionnelle Directeur d’enquête d’Assas, annoncée tout au long de l’année, mais la contrainte de rentabilité, imposée par la faculté, a finalement été suspendue pour ce diplôme.

Pourquoi les étudiants boudent le métier de détective privé ?

du enqueteur prive paris assasDepuis plusieurs années, la profession de détective privé ne séduit plus les jeunes étudiants et les professionnels en reconversion. Le métier, souvent perçu comme romanesque ou indépendant, se révèle dans les faits difficile, exigeant et économiquement très instable. L’enquêteur privé exerce le plus souvent seul, avec une charge administrative lourde et des revenus irréguliers. La concurrence entre agences s’intensifie tandis que les clients, qu’ils soient particuliers ou entreprises, se montrent de plus en plus exigeants sur les résultats et les coûts.

Par ailleurs, les conditions d’accès au métier se complexifient. Le CNAPS encadre strictement l’obtention des agréments et impose une formation continue tous les 5 ans. De plus, les formations, de plus en plus coûteuses, n’offrent presque pas d’autre débouché professionnel que l’installation comme indépendant. Cette situation alimente un sentiment d’incertitude et dissuade la plupart des candidats.

Environ un tiers des diplômés se lance dans la profession et affronte une réalité économique rude. Sur ce tiers, environ 50% des détectives abandonnent le métier dans les 5 premières années. Les échecs d’installation sont donc fréquents.

En effet, les premières années d’exercice d’un agent de recherches privés s’accompagnent d’investissements dans du matériel, d’un réseau clients à construire et de difficultés à rentabiliser l’activité.  Ce contexte alimente une image de métier isolé, précaire et peu reconnu, loin de l’image d’Epinal du détective indépendant et aventureux que véhiculent les médias.

Le nombre de professionnels en exercice demeure d’ailleurs stable autour de 800 en France malgré de nouveaux diplômés chaque année.

Quel avenir pour les écoles de détectives privés en France ?

La fermeture du DU enquêteur privé d’Assas illustre un mouvement de désaffection plus large de la filière. En effet, d’autres établissements peinent également à remplir leurs promotions et sont contraints, comme l’université Assas, à annuler leurs stages MAC de formation continue, faute de candidats.

Dans ces conditions, il n’est pas impossible qu’une autre école du secteur soit contrainte, à moyen terme, de fermer sa formation faute d’inscriptions suffisantes. Cette perspective témoigne de la fragilité du modèle économique de ces structures, souvent dépendantes d’un petit nombre d’étudiants, de plus en plus précaires et regardants sur les perspectives professionnelles en sortie d’école.

Ainsi, la disparition du DU Enquêteur privé d’Assas n’apparaît pas comme un accident isolé, mais comme le symptôme d’une crise structurelle de la filière. De toute évidence, les quatre écoles proposant une formations d’enquête privée sont trop nombreuses et la sélection naturelle en cours profitera aux écoles les plus résilientes.



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