Antoine SENEX

De plus en plus d’enquêteurs estiment qu’il y a trop d’écoles de détective privé en France. Tentons d’éclarcir cette question sensible.

Beaucoup d’étudiants se trouvent face à un choix cornélien pour leur avenir alors que la fin d’année scolaire approche à grands pas : la question de leur orientation professionnelle pour l’année prochaine.

Certains pensent devenir détective privé et prospectent pour savoir quelles écoles proposent cette formation.

Quatre écoles de détective privé

Il existe à ce jour pas moins de 4 écoles de détective privés en France formant chaque année environ 20 à 25 élèves chacune. En conséquence, entre 80 et 100 nouveaux détectives arrivent sur le marché chaque année alors même que le secteur est saturé dans la plupart des métropoles françaises (IDF, Lyon, Nice…).

Les jeunes étudiants sont souvent alléchés par l’image d’Epinal du détective sans pour autant connaître la réalité économique du métier.

De plus, certaines écoles font rêver les étudiants sur les perspectives du métier mais la plupart déchante en cours de formation et ne poursuive pas une fois diplômé.

Au moins les deux tiers des étudiants diplômés renoncent au métier d’enquêteur privé et parmi le tiers restant, plus de la moitié quitte le métier après quelques mois ou quelques années d’exercice, faute de pouvoir vivre de son activité.

Une question évidente se pose alors : y-a-t-il trop d’écoles de détective privé en France ?

Un trop grand nombre d’écoles de détective privé en France ?

La France compte entre 800 et 1000 détectives privés sur le territoire national. Il s’agit donc d’un micro marché et l’arrivée d’une centaine de nouveaux détectives diplômés chaque année crée un afflux massif de nouveaux professionnels. Potentiellement, c’est une croissance de 10% du nombre de détectives chaque année.

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En comparaison, selon le Ministère de la Justice, la France comptait au 1er janvier 2018 près de 66 958 avocats et 2 350 nouveaux avocats prêtent serment chaque année. Cela repésente 3,50% des effectifs globaux, soit trois fois moins que le nombres de nouveaux détectives.

Les chiffres sont sensiblement les mêmes pour les autres professions d’exercice libéral :

  • 29 900 architectes et agréés en architecture inscrits au tableau de l’Ordre au 1er janvier 2018. Chaque, année, 1 200 nouveaux diplômés HMONP sortent des écoles d’architecture, soit une croissance de 4,01%. (Source : Ordre des architectes).
  • à la même date, environ 226 000 médecins sont en activité en France et environ 9 000 nouveaux médecins sont formés chaque année, soit une croissance de 3,98%. (Source : Ministère de la santé et Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques).

Le nombre de nouveaux détectives formés chaque année est donc 2,5 fois plus élevé que la normale.

C’est en partie pour cela qu’une fois diplômée, la très grande majorité des élèves détectives ne se lance finalement pas dans la profession. Ils comprennent que l’activité est difficile, qu’il est compliqué d’en vivre et qu’il n’existe pas d’autre alternative que de se mettre à son compte en profession libérale.

En effet, il n’y a aucun débouché comme salarié dans la profession, seules les sociétés d’enquête civile emploient des salariés. Celles-ci sont concentrées dans le région tourangelle et emploient des personnes qui passent leurs journées à réaliser des enquêtes téléphoniques.

Cependant, environ un tiers des détectives nouvellement diplômés tentent malgré tout de s’installer.

Parmi ceux-là près de la moitié s’éloigne de la profession après quelques mois ou quelques années faute de pouvoir vivre de leur activité d’enquête.

En effet, une fois installé, les premières années d’un détective privé sont compliquées car il faut réussir à se créer une clientèle. Cela demande du temps et des investissements. Aussi, un détective qui n’a pas anticipé ces trois premières années difficiles ne peut raisonnablement pas pérenniser sa situation professionnelle.

Vers une diminution du nombre d’écoles ?

Face à l’échec croissant de détectives privés à s’installer, la logique économique voudrait que le nombre d’écoles de détective privé diminue. En réalité, la tendance est à l’opposé. Ainsi, une nouvelle école a été créée à Paris et de nouveaux détectives diplômés arrivent donc sur le marché.

La grande majorité des enquêteurs privés français considèrent que cet afflux massif de nouveaux détectives dessert la profession. En effet, les tarifs sont tirés vers le bas et la qualité du travail rendu se fait nécessairement ressentir.

En outre, il est aussi intéressant de souligner que bon nombre de cabinets de détectives profitent allègrement de cette situation pour exploiter des stagiaires à longueur d’année comme cela se pratique beaucoup dans l’audiovisuel par exemple.



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