Antoine SENEX

Alors que les conditions d’exercice de la profession de détective privé deviennent de plus en plus contraignantes, les agents de recherches privées ne bénéficient d’aucune contrepartie de la part des pouvoirs publics. Dans ces conditions, de nombreux professionnels quittent tout simplement la profession pour se reconvertir dans un autre domaine d’activité. Au risque de provoquer la disparition du métier de détective privé ?

Tout le milieu de l’enquête privée fait le même constat depuis plusieurs années : les ARP disparaissent progressivement.

Par exemple, les adhérents des syndicats professionnels fondent comme neige au soleil alors qu’ils étaient déjà très clairsemés.

De plus, le nombre de candidats dans les formations de détectives privés ne cesent de baisser à tel point que certaines formations ont tout simplement dû être annulées au dernier moment faute de candidats suffisants pour atteindre l’équilibre financier.

Dans la mesure où la profession d’ARP n’attire plus, il est légitime de s’interroger sur la disparition du métier de détective privé ?

Tentons d’y répondre et d’en analyser les raisons sous-jacentes afin de nous projeter vers l’avenir.

De nombreux détectives privés quittent la profession depuis la Covid-19

disparition metier detective priveDepuis la covid-19, on ne compte plus les agents de recherches privées installés depuis de nombreuses années qui quittent la profession, qu’ils soient fileurs ou directeurs de cabinet.

Des professionnels ayant pignon sur rue et dont la notoriété n’est plus à faire décident de se reconvertir, las de cette activité.

Ce phénomène peut s’expliquer pour différentes raisons.

Priorité à la vie privée

Tout d’abord, la période covid-19 a été un tounant en France et plus généralement dans le monde. Le télétravail s’est démocratisé mais surtout le rapport au travail a évolué. Les priorités et les habitudes des français ont évolué comme le soulignent différents sondages.

Ainsi, les personnes priorisent leur vie privée et sont plus exigeantes sur leurs conditions de travail.

Aussi, dans la mesure où le métier de détective laisse peu de place à une vie privée équilibrée et épanouie, il est logique que la profession voit ses effectifs se réduire année après année depuis 2020.

En effet, un ARP n’a ni horaires fixes ni week-end, ses dossiers se déclenchent en général dans l’urgence et il faut accepter de travailler dans le froid et sous la pluie durant la moitié de l’année.

Bref, des conditions de travail peu reluisantes qui font fuir bon nombre de détectives en exercice.

Des conditions d’exercice de plus en plus difficiles

Ensuite, relevons que l’exercice du métier d’enquêteur privé est de plus en plus contraignant. En plus d’un agrément et d’une autorisation d’exercice, chaque ARP doit dorénavant détenir une carte professionnelle dont le renouvellement tous les cinq ans est soumis à une obligation de formation continue.

Cette formation de 38 heures contient notamment 3 heures consacrées aux valeurs de la République française et à la laïcité…

Certains refusent tout simplement de se soumettre à cette formation et continuent à exercer en toute impunité.

Malgré cette nouvelle obligation, aucune conterpartie n’est accordée aux agents de recherches privés par les pouvoirs publics. Un ARP a donc beaucoup de devoirs mais pas plus de droits qu’un citoyen lambda.

Par exemple, un détectitve ne peut interroger un service départemental des impôts fonciers sur l’ensemble du département comme peut le faire un notaire.
Comme tout particulier, un ARP doit interroger un SDIF à l’échelle d’une commune.

Cette petite prérogative serait pourtant bien utile pour une enquête patrimoniale dans le cadre d’un recouvrement de créances.

Mais les pouvoirs publics n’ont que faire des quelques 800 ARP de France, au risque de faire disparaître la profession de détective privé en France.

La France se paupérise

Enfin, le marché est de plus en plus tendu car la France se paupérise. Les frais de publicité pour gagner des clients sont élevés et il devient de moins en moins rentable de pratiquer l’enquête privée.

Cette paupérisation s’accompagne d’une augmentation de la délinquence. et des nombreux ARP refusent d’intervenir à proximité de certains quartiers pour préserver leur matériel et leur intégrité physique.

Les enquêteurs d’assurance tombent parfois dans des traquenards, sont menacés voire violentés car ils sont en contact direct avec des fraudeurs délinquants et sont régulièrement confrontés à des réseaux mafieux de blanchiment d’argent.

Pas de quoi attirer ou garder de nouvelles recrues…

De moins en moins de candidats dans les formations de détectives

disparition profession enqueteur priveSi l’image d’épinal de l’enquêteur privé faisait rêver bon nombre d’étudiants il y a encore dix ans et permettait de garnir les promotions année après année sans trop d’efforts, les temps ont bien changé.

En effet, depuis plusieurs années, le nombre de candidats au sein des différentes écoles est de plus en plus réduits. Aussi, la sélection à l’entrée est de plus en plus sommaire pour ne pas dire inexistante.

Dans ces conditions, le taux de réussite aux épreuves s’en trouve parfois ressenti et le niveau général a tendance à baisser.

Relevons d’ailleurs que certaines écoles n’ouvrent plus systématiquement chaque année leurs diplômes d’enquête dans une logique budgétaire et diversifient même leurs formations à d’autres métiers sans aucun rapport.

Si la tendance se poursuit, il n’est pas impossible qu’une ou deux écoles ferment définitivement leurs diplomes d’enquête privée dans les années à venir comme nous l’annoncions dès 2020 lorsque nous évoquions le trop grand nombres d’écoles de détective privé en France.

En effet, comment attirer de nouveaux étudiants vers un métier peu valorisé, peu rémunérateur et où les conditions d’exercice sont de plus en plus difficiles ? Logiquement, les étudiants préfèrent se tourner vers des métiers avec de vrais débouchés professionnels plutôt que d’investir du temps et de l’argent dans un métier qu’ils ne pourront jamais exercer ou qui les décevra.

Pour mémoire, seul un tiers des étudiants diplômés se lance dans la profession et peu passent le cap des cinq années d’exercice faute de pouvoir vivre correctement de leur activité d’enquêteur.

Vers la fin du métier de détective privé ?

La profession de détective privé traverse une de ses crises les plus profondes depuis plusieurs décennies et les professionnels en exercice ressentent un climat pour le moins maussade.

Bon nombre d’enquêteurs décident de quitter la profession et se réorientent dans des domaines très divers (communication, évènementiel, sécurité informatique, artisanat, juriste, chef de projet…).

Beaucoup d’autres se posent la question et hésitent à franchir le pas, par peur de l’inconnu.

En l’état, il paraît évident que l’hémoragie ne cessera pas tant que les pouvoirs publics n’accorderont pas de prérogatives particulières aux détectives privés en contrepartie de leurs nombreuses obligations.

Aussi, s’il est probable que le métier ne disparaîtra pas définitivement, les effectifs d’ARP devraient se réduire drastiquement dans les années à venir.



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